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Journée mondiale de la femme rurale Jacqueline Cottier : « Il faut laisser plus de place aux femmes dans nos OPA »

Jacqueline Cottier, présidente de la commission des agricultrices à la Fnsea. Elle est agricultrice dans le Maine-et-Loire avec son conjoint, sur une exploitation de polyculture-élevage, avec des ateliers laitier, bovins viande, et volailles label. (©Anjou Agricole)

Ce 15 octobre 2015 célèbre la journée internationale de la femme rurale. En France, un tiers des nouveaux installés sont des femmes, contribuant à féminiser le secteur agricole. Mais, avec les difficultés accrues qu’elles rencontrent pour s’installer et exercer le métier, des progrès sont encore à accomplir pour qu’elles soient pleinement reconnues. Témoignage de Jacqueline Cottier, présidente de la commission nationale des agricultrices à la FNSEA.

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Organisée depuis 2008 par la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation, la journée du 15 octobre célèbre la femme rurale. Une journée internationale qui met ainsi en exergue la place des femmes dans le développement agricole. En France, beaucoup de progrès sont encore nécessaires pour que les agricultrices soient reconnues à leur juste valeur. Installée dans le Maine-et-Loire, Jacqueline Cottier, présidente de la commission nationale des agricultrices à la FNSEA, témoigne.

Terre-net : Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’installer. Sont-elles suffisamment représentées dans les organisations agricoles ?

Jacqueline Cottier : Le métier se féminise. Un tiers des agriculteurs sont aujourd’hui des agricultrices. C’est un chiffre qui a fortement progressé ces dernières années. La représentation des femmes dans le secteur agricole n’est pas encore suffisante même si des progrès ont été réalisés. Les dernières élections des Chambres d’agriculture, avec les nouvelles règles de parité, ont permis d’obtenir 30 % de femmes. Dans les commissions ministérielles aussi, on tend vers la parité hommes-femmes.

Mais la difficulté est de trouver des agricultrices qui souhaitent s’investir. Leur activité reste souvent centrée sur la famille. C’est normal. La prise de responsabilité vient souvent après, lorsque la famille est plus autonome.

Mais dans la plupart des organisations, comme les coopératives, les femmes restent largement sous-représentées.

A la commission des agricultrices de la FNSEA, nous cherchons davantage de moyens pour mieux accompagner les agricultrices afin qu’elles s’investissent plus dans les organisations professionnelles et le syndicalisme. Il faut par exemple développer les offres de formation.

Terre-net : D’un point de vue social, y a-t-il eu des avancées significatives en faveur des agricultrices ?

Jacqueline Cottier : Oui bien sûr. Le statut de conjoint collaborateur en a été une. Mais il reste à sensibiliser encore un trop grand nombre de femmes qui n’ont pas opté pour un statut social. Il y a un peu plus de trois ans, nous avions mené avec la MSA une campagne de sensibilisation auprès de 15 000 femmes travaillant en exploitation et qui ne sont que l’ayant-droit de leur conjoint. Après avoir lu le courrier qui leur avait été adressé, certaines ont opté pour le statut de collaborateur, d’autres ont préféré devenir salarié.

Mais la grande majorité des femmes n’ont pas changé leur situation. Elles ne sont donc pas reconnues en cas d’accident ou de veuvage. En cas de divorce aussi, leur situation peut devenir très compliquée. Sans parler de l’absence de retraite…

Terre-net : Précédemment, vous parliez de la famille. Les services de remplacement et le congé maternité sont-ils utilisés par les femmes qui attendent un enfant ?

Jacqueline Cottier : Pas assez ! Seulement 55 % des femmes qui accouchent utilisent le congé maternité. Pourtant, elles peuvent toutes bénéficier d’un financement de leur remplacement. Nous souhaitons les sensibiliser pour qu’elles utilisent ce droit.

Terre-net : Un message particulier à donner à l’occasion de cette journée internationale de la femme rurale ?

Jacqueline Cottier : Je dirais que, certes, en France, la crise économique accentue nos difficultés sur nos exploitations, mais pensons à toutes ces femmes qui travaillent dans les campagnes pour nourrir leur famille, dans les pays sous-développés ou en guerre. Cette journée est faite pour alerter sur leur condition, souvent plus précaire que celle des hommes.

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